
© Anna Shumanskaia
Pascal Clément
« En cinquante ans, les gens ont le temps de vous baptiser bon nombre de fois. Je dois avoir plus de surnoms qu’Elvis de sosies, et pas tous d’un meilleur goût. Cela dit, il y en a un que j’aime bien, que j’entretiens, que j’ai la faiblesse de souffler parfois.
Le squale. Pascal, Pascouale, Squale, vous avez saisi...
Le squale est un requin, certes. Il a les dents longues. Moi pas.
Il a l’œil vif et la connaissance du terrain, il sillonne un océan pétrifiant et s’égare parfois au gré des courants.
Là je m’y retrouve plus.
Sauf que la vie m’a donné un cap : l’image.
J’ai démarré comme assistant photographe auprès de Luc Quelin et Denis Amon puis de 1982 à 1998, je me suis jeté dans le grand bain, seul. À l’époque on gardait encore ses péloch dans le frigo
et mon Nikon était roi.
Le dessin et la peinture me titillaient depuis longtemps.
J’ai profité d’une traversée du désert pour me mettre à croquer, dans mes mirages, des bouches, des cheveux, des formes, beaucoup de femmes qui aujourd’hui, dans mes carnets
à spirales, n’ont pas pris une ride.
J’ai eu la chance d’illustrer quelques livres pour enfants,
d’exposer des toiles, des photos peintes à l’huile,
beaucoup de clichés en noir et blanc aussi.
Plus de vingt ans que je travaille dans la presse comme iconographe et autant d’années durant lesquelles mon œil
a continué à s’exercer.
Trouver le ton juste, l’équilibre de la composition, le grain, l’audace, est un exercice quotidien et quoi qu’il arrive,
l’image reste mon cap ».